Ne suis-je pas un faux accord
Dans la divine symphonie,
Grâce à la vorace Ironie
Qui me secoue et qui me mord ?
Elle est dans ma voix, la criarde !
C’est tout mon sang, ce poison noir !
Je suis le sinistre miroir
Où la mégère se regarde.
Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau ! |
. Héautontimorouménos : C’est du grec. Ça fait savant, ça fait chic, mais ça veut dire une chose toute bête : "celui qui se fait souffrir lui-même". Oui, Baudelaire se donne le rôle principal dans une tragédie où il est à la fois bourreau, victime, juge, avocat, public, et même l’ouvreuse de la salle.
Baudelaire s’adresse à son « cœur » comme on parlerait à un coloc relou qui a encore oublié de sortir les poubelles. Il le traite de "cœur misérable", "sauvage", "traître", et lui promet mille tortures.
Baudelaire ne se contente pas d’avoir mal : il le fait en vers alexandrins. Et ça, franchement, c’est de la souffrance hautement littéraire. Si la déprime était une discipline olympique, il aurait l’or.. (*) texte et illustration générés par IA. |