Travail de titan pour Georges Chelon qui en 2004 met en musique les Fleurs du mal de Baudelaire.

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Dans les plis sinueux des vieilles capitales
Où tout même l'horreur, tourne aux enchantements
Je guette, obéissant à mes humeurs fatales
Des êtres singuliers décrépits et charmants
Ces monstres disloqués furent jadis des femmes
Éponine ou Laïs Monstres brisés, bossus
Ou tordus, aimons-les ce sont encor des âmes
Sous des jupons troués et sous de froids tissus
Ils rampent flagellés par les bises iniques
Frémissant au fracas roulant des omnibus
Et serrant sur leur flanc ainsi que des reliques
Les petites vieilles (Baudelaire)
Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde
C'est l'Ennui ! - l'oeil chargé d'un pleur involontaire,
Il rêve d'échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
- Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère !
Au lecteur (Baudelaire)
Et, comme des passants sur un fou qu’ils admirent,
Je les entendis rire et chuchoter entre eux,
En échangeant maint signe et maint clignement d’yeux :
- « Contemplons à loisir cette caricature
Et cette ombre d’Hamlet imitant sa posture,
Le regard indécis et les cheveux au vent,
La Béatrice (Baudelaire)
La Haine est un ivrogne au fond d'une taverne
Qui sent toujours la soif naître de la liqueur
Et se multiplier comme l'hydre de Lerne.
- Mais les buveurs heureux connaissent leur vainqueur,
Et la Haine est vouée à ce sort lamentable
De ne pouvoir jamais s'endormir sous la table.
Le tonneau de la haine (Baudelaire)
Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse,
Au fond d’un monument construit en marbre noir,
Et lorsque tu n’auras pour alcôve et manoir
Qu’un caveau pluvieux et qu’une fosse creuse ;
Remords posthumes (Baudelaire)