Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde
C'est l'Ennui ! - l'oeil chargé d'un pleur involontaire,
Il rêve d'échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
- Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère ! |
.Le poème "Au lecteur" de Charles Baudelaire est une œuvre fascinante qui ouvre le recueil Les Fleurs du mal. Baudelaire y déploie une plume acide pour dépeindre les tares de l'humanité, et plus particulièrement celles de son lectorat.
Imaginons Baudelaire face à un public de dandys et de bourgeois. Il commence son spectacle par un bon vieux "Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère !". C'est un peu comme s'il disait : "Hé, toi là-bas, avec ton haut-de-forme et tes airs supérieurs, oui, toi aussi tu es un sacré numéro !"
Et que dire de l'ennui, ce monstre délicat qui rêve d'échafauds en fumant son houka ? C'est l'ennui version Baudelaire : même quand il ne fait rien, il le fait avec style.. (*) texte et illustration générés par IA |